Joma Ibrahim Amer et Paul Biya |
Le président de la République l’a indiqué à l’envoyé spécial
du guide libyen qu'il a reçu en audience hier à Yaoundé.
L’image est assez forte et parlante. Paul Biya a tour à tour reçu
hier, 27 juin 2011, en audience Johnnie Carson, le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, et Joma Ibrahim Amer, le ministre libyen des Affaires de l’Union africaine, envoyé
spécial du guide libyen, Mouammar Kadhafi. L’émissaire américain a été reçu en premier au Palais de l’Unité à Yaoundé et a évoqué, entre autres sujets avec Paul Biya, la situation en Libye.
La position des Etats-Unis et de la France sur ce sujet est connue de tous. Pour Barack Obama, Kadhafi doit quitter le pouvoir et le seul organe légitime pour parler au nom de la Libye
aujourd’hui est le Conseil national de transition. Johnnie Carson l’a sans doute rappelé à Paul Biya. A
la presse, M. Carson a déclaré, sans insister, que les questions économiques, la prochaine élection présidentielle au Cameroun, la situation au Soudan et en Libye ont été au menu de la discussion
avec Paul Biya.
Après la visite d’une heure avec Johnnie Carson, le président a reçu pendant 45
minutes Joma Ibrahim Amer. Principal point au programme, la situation en Libye. Et c’est au terme de sa rencontre que l’on apprend que Paul Biya désapprouve les frappes aériennes de l’Otan en
Libye et préconise une résolution pacifique de la crise. En effet, au terme de sa visite, Joma Ibrahim Amer a confié aux reporters présents au Palais de l’Unité que « le président de la
République du Cameroun a été très content de cette visite et nous a informé que le Cameroun soutiendra la position africaine qui est favorable à une solution pacifique de la crise libyenne afin
de retrouver la sécurité et la paix en Libye ». La solution de l’Union africaine a été répétée plusieurs fois par le président de la Commission de l’union africaine, Jean Ping, et par les chefs
d’Etat africains dans leur déclaration finale le 26 mai 2011 : elle exige la fin des bombardements de l’Otan et préconise une solution pacifique à la crise.
Cette opération de charme au Palais de l’Unité de Yaoundé intervient à la veille
du sommet de l’Union africaine qui s’ouvre demain à Malabo. Au cours de cette rencontre, les chefs d’Etat vont réitérer la nécessité de respecter la feuille de route de l’Union africaine
dans la résolution de la crise libyenne. Une feuille de route acceptée par Kadhafi, mais rejetée par les rebelles du Cnt. A la presse, Carson a déclaré, sans insister, que les questions
économiques, la prochaine élection présidentielle au Cameroun, la situation au Soudan et en Libye ont été au menu de le discussion avec Paul Biya.
L’émissaire libyen a également profité de sa visite pour présenter la situation en
Libye. « Je lui ai présenté (à Paul Biya, ndlr) des documents qui retracent la réalité de ce qui s’est passé et les développements qui ont suivi. J’ai mis l’accent sur les bombardements des pays
de l’Otan qui visent les objectifs civils. Des maisons ont été détruites et des centaines de personnes tuées à Tripoli, à Surman, à Brega et ailleurs ; des universités entières ont été détruites
par ces bombardements. Nous pouvons estimer les sorties d’avion entre 11000 et 12000 pour 5000 raids », a-t-il déclaré.
En Afrique, le Sénégal, la Gambie, le Gabon et la Mauritanie ont déjà
officiellement reconnu la légitimité du Conseil national de transition.