La première partie du Livre Vert s'intitule La solution au problème de la Démocratie.Mouammar Kadhafi y présente le problème de « l'appareil de gouvernement » comme « le plus important de ceux qui se posent aux sociétés humaines ». Le Livre Vert débute par une critique de la démocratie représentative, dans laquelle l'auteur développe les idées suivantes :
- La démocratie sous sa forme dominante n'est rien d'autre qu'une dictature de la majorité
- La représentation est une imposture, car la démocratie suppose le pouvoir du peuple et non le pouvoir d'un substitut du peuple
- Le parti ne représente que les intérêts d'une fraction de la population, il est donc de fait un « appareil de gouvernement dictatorial ». Le multipartisme entraîne une lutte pour le pouvoir peu soucieuse de l'intérêt général.
- La classe, comme le parti, est un groupe de personnes partageant les mêmes intérêts. La domination d'une classe est donc contraire à l'intérêt général, et s'assimile à une dictature.
- Le référendum est une illusion car il ne pose qu'une question fermée (choix entre oui et non) ce qui en fait un moyen de museler la volonté populaire
Suite à cette critique, Mouammar Kadhafi interroge : « Quelle est alors la voie que doivent suivre les sociétés humaines pour se délivrer définitivement des époques d'arbitraire et de dictature ? ». La solution ne peut se trouver selon lui que dans un pouvoir du peuple sans substitut ni représentation. Il élabore alors la « solution » suivante :
- Les citoyens se rassemblent en congrès populaires de base et désignent un secrétariat ainsi qu'un comité populaire administratif
- Ces comités populaires sont politiquement responsable devant les congrès populaires de base
- Les citoyens se constituent en outre en comités populaires professionnels ou en syndicats
- Congrès populaires de base, comités populaires et unions syndicales ou professionnelles se rencontrent dans le Congrès Général du Peuple qui se réunit une fois par an. Les décisions du Congrès Général du Peuple sont ensuite soumis aux comités populaires de base pour être adoptés
- La Constitution ne peut pas servir de loi à une société car elle découle exclusivement des humeurs des dirigeants. Preuve en sont les variations qu'il existe de la constitution d'un pays à l'autre alors que la liberté de l'homme est partout la même. De même, la constitution change lorsque le pouvoir change de mains. Elle est donc le produit des humeurs du pouvoirs et de ses intérêts. Cet aspect instable et corruptible de la loi demeure tant que la loi est d'origine humaine car elle est susceptible d'être révisée et abrogée au gré des luttes de pouvoir. La seule loi valable est la loi naturelle, c'est à dire la coutume et la religion, car elle est l'expression de la vie naturelle du peuple
- La société ne peut être contrôlée par aucun groupe ou individu ; le peuple est son propre censeur
- Le « problème de la liberté de la presse » découle du problème de la démocratie : si toute personne a le droit de s'exprimer il n'en demeure pas moins que son opinion n'est que personnelle. Ainsi la propriété privée d'un journal est inadmissible car il ne ferait que diffuser l'opinion de ses propriétaires. La seule presse démocratique possible est celle publiée par un congrès populaire qui permet l'expression de toutes les catégories sociales et donc de toutes les opinions
Deuxième partie[modifier]
Dans la deuxième partie, intitulée La solution du problème Économique, Mouammar Kadhafi reconnait que d'énormes progrès sociaux ont été accompli depuis la Révolution industrielle. Cependant, le salariat n'en demeure pas moins. Or, ce dernier s'assimile selon l'auteur à de l'esclavage. Une nationalisation de l'économie ne modifierait en rien l'asservissement du travailleur. La Troisième Théorie Universellepropose alors une troisième voie après le capitalisme et le communisme : cette voie ne peut être qu'un retour à la « loi naturelle », référence unique pour les rapports humains. L'auteur développe successivement les points suivants :
- La « loi naturelle » ouvre la voie à un « socialisme naturel » fondé sur l'égalité
- L'accumulation outrancière de richesses par un individu constitue une entorse à la loi naturelle. Elle est l'amorce d'une perversion de la vie sociale et le signe avant-coureur d'une société d'exploitation
- La production est redistribuée équitablement entre les travailleurs. C'est le caractère indispensable de chaque agent de la production qui lui confère une égalité naturelle
- Le produit de l'activité économique doit être répartie de façon égale entre les trois facteurs de production : matières premières, moyens de production et travailleurs
- La dépendance vis-à-vis d'autrui pour assurer ses besoins entraîne un asservissement et est une source éternelle de conflits. Ce qui relève des besoins fondamentaux, comme le logement, le revenu, où les moyens de transport, doit être la propriété de l'individu et toute location doit être prohibée
- L'activité économique vise la satisfaction des besoins par la production et non la thésaurisation
- Chaque travailleur possédant son instrument de travail produit pour son compte empêchant ainsi toute exploitation. Cette forme nouvelle de propriété privée coexiste avec la « propriété socialiste » dans laquelle les producteurs sont associés
- Admettre le profit revient à admettre l'exploitation. Le stade ultime de réalisation du socialisme voit la disparition du profit et de lamonnaie
Troisième partie[modifier]
La troisième et dernière partie du Livre Vert a pour titre Les Fondements Sociaux de la Troisième Théorie Universelle. Mouammar Kadhafi y insiste sur l'importance capitale du lien social dans l'Histoire. Les liens familiaux, tribaux ou nationaux, sont constitutifs de lanature de l'homme et nécessaire à sa survie. Parmi eux, la famille est la structure la plus forte et la plus naturelle. La tribu est une sorte de famille élargie qui organise la transmission des valeurs et des traditions, tout en garantissant une protection sociale pour ses membres. LaNation est une famille encore plus vaste. Elle est une structure sociale vitale pour l'homme. Un État qui nierait ce facteur social - en rassemblant plusieurs nations sous une même autorité politique - serait voué à l'éclatement. L'auteur revient longuement sur le fait que la femme est l'égale de l'homme. Néanmoins, il défend l'idée que certaines fonctions reviennent, par nature, à la femme. Ainsi va-t-il de l'éducation des enfants par exemple. L'égalité entre l'homme et la femme ne doit pas s'inspirer du modèle occidental qui a établi l'égalité homme-femme en faisant de la femme un homme, c'est à dire en niant sa nature de « femelle » menstruée. Cette troisième partie aborde en outre la question des minorités ; elles doivent être traitées comme les égales du reste de la population. L'enseignement doit quant à lui se libérer de sa forme obligatoire et standardisée : les écoles et les programmes officiels forment un instrument de domination et d'abrutissement visant « l'orientation autoritaire des goûts, du jugement et de l'intelligence de l'être humain ». La société doit au contraire fournir des écoles et des enseignants en quantité suffisante afin que chacun puisse avoir accès librement au savoir, en choisissant ses disciplines. Enfin, les pratiques sportives doivent cesser d'être privées, réservées à quelques joueurs tandis que des milliers de spectateurs assistent passivement au jeu. Le sport n'a de sens que si les foules envahissent les terrains et que chacun participe activement au jeu. Cet objectif ne sera atteint que lorsque les tribunes auront symboliquement disparues.