L’Enseignement comme essence de la Révolution. et du Combat pour la Seconde Renaissance africaine et Diasporique.
par Grégoire Biyogo, égyptologue, politologue. Directeur de l’Institut Cheikh Anta Diop (ICAD).
• Notre Histoire est encore laminée par des vides sur ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous pouvons encore être. Une des tâches les plus urgentes est en cela
l'enseignement pour raviver l'étincelle divine (Akh) qui sommeille en chacun de nous à travers une connaissance (Sia) parfaite des enjeux profonds de notre Combat contre le
Mal-développement, la Mal-gouvernance et les divisions internes.
Enseigner avec perfection, transmettre la science de la Maât dont la sagesse se dit dans la langue des Fara la Sebayïta. Or enseigner, c'est aussi prier, adorer. Dans la langue des Ekang
(Beti-Fang), l'ékang, enseigner (A-E) Yeghele et et adorer (Ayeghele) sont une seule et même chose. Chez Kémita, celui qui enseigne comme le prêtre (Ouab) est d'abord disciple de la Maât,
Shemsu Maât, dont il transmet la vérité. Le mot égyptien ancien Ouab, prêtre signifie aussi en langue ékang nettoyer, purger, soigner. Les amis de la vérité sont aussi des Médecins de la
civilisation.
Un peuple qui aspire à la perfection de la science et à la justice est disposé à sa libération. A la vérité, un peuple qui désire connaître et qui ouvre son coeur (ib) à l'enseignement
maâtique est déjà libre.
C'est pour cela que ce temps de trouble est celui où l'on rechercher le plus des Enseignants. Enseigner (Séba), c'est aussi chercher à soigner, en langue ékang, le verbe soigner se dit
précisément (A-E) Seba. Celui qui enseigne le peuple cherche aussi à le guérir de toute forme de tératologie (déformation générales accumulées) qui le rendrait passif dans le Combat.
Former les élites et le peuple à la rigueur d'une vie faite d'instruction sans cesse renouvelée (âme de géomètre), à la vertu (Esprit maâtique) et à l'ardeur au travail, telle est la tâche
de l'enseignement révolutionnaire.
Exercés à l'ascèse, à la recherche de la perfection, ceux qui enseignent reçoivent la Lumière de l'Aton-Ankh dont ils sont les disciples, (Shemsu Aton, ceux qui suivent l’Aton Ankh). Ils
ont la Mission de la transmettre à tous ceux qui sont engagés dans le Combat pour la libération politique et économique. Or, celle-ci passe profondément par une libération spirituelle.
Amener (inim) le peuple à la liberté, c'est aussi l'aider à retrouver en lui-même la voix divine qui est la liberté absolue.
Un peuple qui cherche sa route (Ouat, W3.t) cherche aussi cette voix (Krw). Nous devons prendre rentrer dans une Barque sacrée (Wj3) emportant nos bâtons divins : les Medu Neter. Ces Bâtons
sont notre plus grand héritage, celui que nous avions oublié, que Champollion a rendu à l'humanité (Remetch) et que Cheikh Anta Diop nous a rendus.
Un peuple encerclé (Sn.j) ne combat pas de front ses adversaires, mais il utilise d'autres armes, d'autres, voies, d’autres chemins (Ouatou), il fait comme on nous dit dans l'Ennéade
(Pesedjet) d'Héliopolis (Iounou), que Osiris, a contourné la volonté de puissance satanique de Seth en allant régner dans le Monde Inférieur (la Douat), ce mot Douat veut dire Au-delà,
Demeure où resplendit la Lumière, et Lieu de constellation où l'on prie pour l'éternité (Hetep). C'est là où on assiste en permanence au lever du soleil, mot que la langue des Fara nomme
Wbn (Ouaban) que la langue ékang traduit par Ouaban (vièn): être embrasé par les rayons de soleil comme naguère Akenaton dans l’Amarna.
L'arme miraculeuse que nous avons, c'est l'enseignement (Seba) qui doit être d'autant plus parfait que nos langues et nos institutions actuelles, bien que séparées de 4000 ans de la grande
civilisation de Kémita, ont conservé l'esprit et bien plus souvent qu'on ne le dit la lettre même du Monde Ancien de nos Ancêtres (Ambahou). Le mot Seba révèle l'unité secrète du fait
d'enseigner, de rechercher la sagesse (Sébayïta) et la divine constellation qui s'y attache de part en part au lieu de sa tripartition sémantique : enseigner, sagesse solaire, et étoile.
Ces trois choses délivrent la divine Lumière.
Il m'arrive par ces temps de d'Exil de jouer au Senet toute la Nuit contre des Adversaires invisibles comme naguère Néfertari l'épouse royale de Ramsès II. Je joue contre l'obscurité de
Isefet qui encercle notre avenir et l'envenime comme un poison lent, je joue pour être embrasé par la Lumière resplendissante de Rê, je joue pour recevoir l'énergie vitale avant d'enseigner
ce peuple-mien dans les Maisons de vie (Per Ankh) imaginaires et invisibles. Et souvent, comme les larmes de Rê qui avaient enfanté les Hommes, il m'arrive de surprendre des larmes aux
commissures de mes yeux comme pleurant sur mon peuple qui a soif de liberté et d'enseignement.
Dans ces Nuits sévères où j'ai une pensée pour cette Afrique dont la Diaspora entière est séparée, une vision berce souvent ma méditation : Demain, des Universités (Per Ankh) seront créées
comme autrefois, où à nouveau nos peuples et nos élites seront enseignés pour faire régner l'Ordre de justice et de vérité de la Maât. Puis, cette parole forte que l'on trouve dans le
Cartouche de Ramsès II, qui redéfinit ce que nous sommes : dans la formule : "
« OUERMAÂTRE SETEPENRÊ » = Puissance est la Maât de Rê, l'Elu de Rê". Demandons à l'Eternel que vienne le temps de l'enseignement parfait du peuple et des élites à venir, pour que ses Medu
Neter lance sur eux les rayons de Lumière sur eux. Le verbe « irradier », « lancer des rayons » se dit en langue des Fara (Sti). La Mission des Enseignants, c'est de faire surgir ce feu qui
brûle la vue, détruit les contrevérités assimilées à tort par les Africains et les Noirs du monde entier dispose à la défaite et au fatalisme.
Depuis la naissance de l'égyptologie politique que l'on peut encore appeler la science de l'équité (Siamaât) inaugurée par le grand savant (shemsu Sia) Cheikh Anta Diop, on s'est aperçu que
la Moisson (Smw) est grande et qu'elle a à peine commencé à germer, c'est pour cette Raison que la Récompense (Baqa, ce mot se dit en ékang Obak) est encore différée. Car, les Enseignants
doivent se multiplier pour que Kémita redécouvre l'Ankh (la Vie), recommence à vivre, ce verbe se décline en ékang sous le mot Aninkh). Or ce n'est pas encore le cas, il faut donc que
naissent les Enseignants, les savants, les disciples de la Maât (Shemsu Maât), pour autant que la Révolution postulée par notre Histoire passera nécessairement par le souffle de la nouvelle
science (Shusia), laquelle créera en nous le désir perfection et de vertu incarné par le Logos solaire. Car il n'y a de solidarité véritable, de paix, et d'essor de la civilisation que par
une science inspirée de Dieu. C'est en cela que l'aspiration à l'Enseignement authentique, passe par l'aspiration à la sagesse vertueuse (Sébayïta) essence même de la Renaissance africaine
et diasporique.