Contrainte à la semi-clandestinité depuis sa dissolution par le ministre de l’Intérieur le 28 janvier, l’Union nationale (UN), formation politique
de l’opposition emmenée par Zacharie Myboto, a tenu un meeting, le 25 juin dernier, dans une concession privée du quartier Louis dans le 2è arrondissement de Libreville. Sept intervenants se sont
succédés au micro pour entretenir l’assistance de militants et sympathisants sur autant de thèmes.
Le premier d’entre eux, Gérard Ella Nguéma, secrétaire exécutif adjoint de l’UN, a axé son propos sur la comparaison et les leçons que le peuple
gabonais peut tirer des récents événements survenus au Sénégal et qui démontrent, selon l’orateur, qu’il n’y a pas de président invincible, pas d’armée qui gagne contre son propre peuple ou de
régime qui puisse résister indéfiniment à la détermination d’un peuple. Le secrétaire exécutif adjoint de l’UN a invité l’assistance à se mobiliser, lui demandant à «sortir des barrières et à
briser la peur». Se déclarant gêné d’être contraint de donner des meetings dans des concessions privées, il a suggéré de braver désormais cette peur, de s’inspirer du Sénégal et d’aller de
l’avant afin de pouvoir obtenir l’organisation, au Gabon, d’élections libres et transparentes.
Thierry Nang, ministre de l'Agriculture et de la Pêche du gouvernement alternatif de Mba Obame, a exhorté l’assistance à ne pas se contenter
d’assister aux meetings et de rentrer chez soi, comme après une kermesse. Le cadre de l’UN a expliqué que la participation à ces rencontres doit permettre de s’imprégner des réalités qui devront
ensuite être relayées dans les maisons, les quartiers et les milieux professionnels afin de conscientiser davantage de personnes à la possibilité du changement politique dans le pays. Thierry
Nang a lui aussi évoqué les événements du Sénégal qu’il a expliqué comme un travail de fond ayant fini par payer. Mais, a-t-il précisé, ce travail ne devrait pas être l’apanage de la seule
direction de l’UN, mais de tout le monde.
Radegonde Djenno, ministre de l’Environnement, du Tourisme et des Parcs nationaux, chargé du Développement durable du gouvernement parallèle d’André
Mba Obame, estime pour sa part que les femmes ont toujours été à l’avant-garde des luttes sociopolitique. S’appuyant sur l’exemple de Rosa Park qui avait sonné le départ du mouvement des droits
civiques aux Etats-Unis d’Amérique, elle a axé son propos sur la participation de la gent féminine dans la lutte pour les libertés démocratiques et l’alternance politique. Elle a invité cette
catégorie de militants à constituer des cellules de mobilisation et de conscientisation.
La sortie du Pr John Nambo qui était ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation dans le gouvernement en exil sus cité, a tourné autour de
l’activisme du président Ali Bongo à «se faire reconnaitre sur le plan international», mais surtout sur la visite de Jean-Pierre Raffarin au Gabon. Se montrant surpris de ce que l’ancien Premier
ministre français est venu faire au Gabon et des choses qu’il a dites ça et là, John Nambo a demandé à l’assistance de ne pas se laisser impressionner ou de penser que les carottes sont
cuites.
Le docteur Raphaël Badega Lendoye, Premier ministre de Mba Obame, a expliqué pour sa part que ceux qui dirigent un pays doivent se montrer
exemplaires en tous points de vue. Laissant entendre qu’Ali Bongo n’est pas exemplaire, il a déduit qu’il devait être disqualifié des charges qui sont les siennes au sommet de l’Etat. Il a appuyé
son propos en évoquant l’acte de naissance querellé du président, sa formation controversée, etc.
Jean Eyeghe Ndong, vice-président de l’UN, est également monté sur la tribune pour appeler les gens à se mobiliser davantage. On retiendra de son
propos la boutade «Quand les gens me disent Eyéghé je suis derrière toi, je leur demande mais qu’est-ce que vous faites derrière moi ? Il faut être à côté de moi ou avec moi.»
Zacharie Myboto, président de la formation semi-clandestine, a clôturé le meeting en répondant aux préoccupations de l’assistance. Notamment au
sujet de l’introduction de la biométrie dans le système électoral et la réhabilitation de l’UN. Le président de l’UN est revenu sur le même crédo : «Pas de biométrie, pas d’élection», demandant
aux populations de se tenir prêtes pour empêcher l'organisation de l'élection au cas où le pouvoir voudrait organiser un scrutin sans biométrie. Au sujet de l’UN, Zacharie Myboto n’entrevoit pas
comment la requête introduite au Conseil d’Etat par ce parti pourrait ne pas prospérer, la dissolution de l’Union nationale s’étant faite, selon l'orateur, en violation de toutes les
règles.
En attente de sa réhabilitation, l’Union nationale tient, depuis un certain temps, des meetings et causeries dans des enceintes privées pouvant
accueillir du monde. Le meeting du samedi dernier a attiré plusieurs centaines de personnes.