Comment se joue le « Songo » ?
Quels en sont les fondements ?
Quelles perspectives pour une uniformisation des lois pour une universalisation de ce jeu ?
Le champion du Gabon en titre "VIVI"
Le « Songo » se joue sur un objet technique appelé « Mbek » de 1 mètre. Un tuyau de 80 à 100 cm de long sur 12 à 15 cm de diamètre est fondu longitudinalement en 2 parties d’égales dimensions. Chacune des 2 parties est divisée en 7 cases d’égales dimensions . Le nombre total de cases du Songo ets de 14. Chaque case doit être à mesure de contenir le plus gros poing possible.
Les pions sont des grains d’ « Ezaň ». On dispose au départ du jeu de 5 pions par case ; 20 pions exactement sont indispensables pour une partie de Songo. Les deux adversaires assis face à face déplacent les pions de la droite vers la gauche et à tour de rôle. On ramasse à son compte les pions du côté de son adversaire à partir de la deuxième case à sa droite ; le nombre de pions à gagner est de deux au moins et de quatre au plus.
La partie se termine normalement lorsque les pions restent à neuf. Il peut cependant arriver que ça finisse à plus de neuf pions lorsque l’un des joueurs, ne devant pas doubler de tour de jeu, n’a pas de cas contenant un nombre de pions lui permettant de passer un pion à son adversaire.
La fin de la partie est marquée par une reconstitution du nombre de pions à 5 par case à l’issue de laquelle le vainqueur passe au moins 5 pions à son adversaire. Si l’un des joueurs passe moins de 5 pions à son adversaire ou alors si chaque joueur totalise 35 pions dans sa rangée de cases, il y a match nul.
A l’analyse du jeu de « Songo », il se dégage une réalité : le jeu de « Songo » a des fondements artistiques, scientifiques, stratégiques et même humains.
- L’élégance dans la manière de jeter les pions, les chants et anecdotes qui animent le jeu en sont les manifestations de cela. La maîtrise du calcul mental, des notions de logique et des combinaisons linéaires sont des atouts dont il faut disposer pour être un bon joueur.
Les lois du « Songo » sont empruntées de beaucoup de fair-play et de respect mutuel au point où le « Songo » n’a pratiquement pas besoin d’une tierce personne pour assurer l’impartialité entre
les deux adversaires.
Le peuple « Beti » ayant beaucoup de ramifications, l’application des lois subit des variances selon qu’on soit chez les "Bulu" authentiques, les "Eton", ou les "Bene". Ceci nécessite des études,
des tables rondes, des symposiums ou tout autre cadre de réflexion devant aboutir à l’uniformisation des lois afin de rendre ce grand jeu universel.
Appendice
Un tour au Songo
Le vocabulaire du Songo
Certains mots bulu sont utilisés au Songo et nécessitent une parfaite compréhension afin d’avoir des idées claires sur le jeu. Nous allons vous en donner la liste et les significations.
Abôm : Case de plus de 13 pions. En enlevant un « abôm », on jette un pion à tour de rôle, un pion par case de la gauche vers la droite dans les deux camps ; le reste des pions est jeté de la première vers la septième chez l’adversaire. Au cas où l’abôm a 14 pions, le pion restant après le tour des 13 cases est mis dans la main du « jeteur » ou de son adversaire selon un commun accord des deux adversaires, car on ne peut bouffer la 1ère case toute seule.
Akutu : Case de plus de 19 pions.
Eken = But : Il y a but lorsque l’on passe au moins 5 pions à son adversaire à la fin du jeu.
Esila : Provision de pions dans la 1ère case du camp adversaire, ces pions seront bouffés dès que l’adversaire jettera les pions de cette case.
Mbek = « Stade » sur lequel se joue le Songo.
Mbaň = Pion, au pluriel mimbaň
Olam = Piège : ici, on bouffe quelque soit le pas de l’adversaire
Yindi = Case bloquée par un nombre de pions pouvant atteindre au moins 5 ; on ne bouffe pas plus de 4 pions au Songo ; on ne bouffe pas le Yindi.
E bé Songo : A l’issue d’une partie, on recase les pions 5 par 5 ; on « bé » alors le Songo
E salan Songo : Faire match nul.
E té abôm : Ramasser les pions d’une case pour les jeter.
E toé : Faire avancer un seul pion.
E wôé abôm : Ajouter un pion à une case, rendant celle-ci incapable de bouffer tout de suite.
E wôé môt e Songo : Battre son adversaire au Songo
E wua mimbaň : Jeter les pions qu’on a ramassés
Ce vocabulaire s’utilise par les deux adversaires pendant la partie.
L’utilisation se fait ici soit pour commenter une action, soit pour expliquer ou surtout pour écraser le moral de son adversaire afin d’avoir un ascendant psychologique sur lui et l’embrouiller. Il faut noter ici qu’une partie de Songo s’accompagne des coups de gueules faits de blagues, d’adages, d’onomatopées et même de chants traduisant la richesse culturelle des Bulu.
Tout ceci s’accepte sans violence physique ou verbale, surtout qu’on accepte jouer avec des gens entre lesquels ces fantaisies sont permises. Il sera ainsi anormal de trouver quelqu’un jouer contre son beau-fils, son père, son patron, etc…
Il faut noter cependant ici qu’une scientifisation poussée de ce jeu enlèverai tout cet aspect artistique qui donne le goût au Songo. Mais c’est aussi une condition sine qua none pour une universalisation de ce jeu passionnant.