UNESCO: Minutes Mvet avec Venant DEBOMAME

© UNESCO – Ndossi-Village – GABON – le 09 mars 2024

Participation à l’inscription du Mvet sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité; Minute Mvet avec Venant DEBOMAME pendant le consentement. Lien de la vidéo : https://www.youtube.com/generationekang

1. Présentation :

Je suis ZUE NTOUGOU VENANT DEBOMAME, Essabedzang de père et Essandone de mère chez les Ekang. Je suis élève à l’école Mvet de Tsira ETOUGOU NDONG, promoteur culturel, chercheur au Centre Gabonais de Recherche en Ethique et Santé (CEGARES) à Libreville. Membre fondateur de l’ONG Génération Ekang, écrivain et auteur de plusieurs livres, donc un sur le Mvet.

2. Description de l’élément

 Le Mvet, lorsque vous entendez parler du Mvet, il s’agit d’un rite initiatique du peuple Ekang. Il s’agit du livre des livres, le livre de sagesse chez les Ekang. Cette sagesse qui a été consignée dans un livre en tant que parole du Créateur. Ce Créateur qu’on nomme Eyô !

C’est sa voix qui a été entendue par Oyono ADA NGONE, Oyono l’a intégrée, l’a assimilée. Et l’a transmise à ses frères en tant que remède initiatique, à ses disciples que nous appelons aujourd’hui les diseurs Mvet. C’est pourquoi, chaque diseur, au moment de dire le Mvet, va d’abord prendre référence chez Oyono ADA NGONE avant de clamer sa généalogie jusqu’à Eyo. Eyo, c’est l’incréé, et le sans forme, son nom n’est pas autorisé aux noms initiés, il est réservé aux initiés comme les diseurs Mvet.

Lorsqu’on dit le mvet, on le dit généralement dans un corps de garde. Le corps de garde, c’est ce stand là où on initie les gens à la sagesse, où on initie les gens aux responsabilités sociétales, où on initie les gens à prendre soin de la progéniture, c’est-à-dire, le devenir de la nation ou d’une communauté. Je veux dire, le corps de garde, c'est là où on fabrique l’homme dans son entièreté.

Assis, ce sont des gens qui écoutent le Mvet, debout, c’est le diseur qui est en train de clamer son récit. Vous voyez que les gens qui sont assis dans le corps de garde ont en main des baguettes. Ces baguettes, on les appelle bigpwagê, ce sont des accompagnateurs des chants. Ce sont des accompagnateurs des récits. Parce que les anciens disent que la création a été comme un chant. Même aujourd’hui, on est d’accord que ce chant a été inscrit dans un livre, des livres, qu’on appelle chez nous le Mvet. Les gens qui accompagnent le diseur Mvet sont aussi inspirés des récits d’Oyono ADA NGONE. Ils viennent au corps de garde pour bénéficier de cette sagesse pour que leur vie soit comme celle des enfants de Dieu que nous sommes.

Le Mvet attire aujourd’hui beaucoup d’attention dans différents milieux, les élèves, les étudiants, les artistes, les universitaires, les organismes internationaux, pour certains qui veulent inscrire le Mvet sur la liste du patrimoine de l’humanité. C’est le cas de l’Unesco avec les missions que nous avons menées dans la sous-région, de l’Union africaine qui promeut également les traditions africaines, les associations culturelles. Mais, lorsque nous restons sur l’élément Mvet, il est porté par une communauté qu’on appelle le peuple Ekang, plus connu sous l’appellation Fang-Bulu-Beti. Mais ce n’est pas tout à fait ça, au Gabon, par exemple, il y a Ntumu, Okak, Mvaè ou encore Nzaman, etc. Bref, c’est ce peuple Ekang qu’on retrouve du centre Ouest de l’Afrique précisément, au Gabon, Guinée Equatoriale, Cameroun, Congo, RCA, Sao Tomé & principé, une partie de l’Angola.

Aujourd’hui, les recherches les plus poussées disent que le peuple Ekang qui habite le Cameroun forestier revient de l’Ethiopie, et l’Ethiopie faisant partie de la vallée du Nil, c’est pourquoi lorsque vous lisez Cheikh Anta Diop, dans Nation naitre et culture, vous verrez la transmigration du peuple Ekang qu’on appelle aussi la pérégrination du peuple Ekang (dulu bon afri kara) qui parle de la vallée du Nil pour la région actuelle d’Afrique centrale. En Egypte (vallée du Nil), ils étaient majoritairement des prêtres (Fara), des scribes (Ntsili), des savants (Mbô), des agriculteurs (Mbèn), des enseignants (Nyeghle), des artisants (Mba), etc.

Depuis plusieurs années déjà, nous luttons pour que cet élément qu’on appelle Mvet ne meurt pas comme d’autres traditions sont parties pendant la période coloniale, des moments où les forces du mal ont eu le dessus sur la sagesse les paisibles populations, leur empêchant d’amorcer le processus du développement avec leurs connaissances.

Nous pensons que les jeunes auront un travail fondamental à sauvegarder cet élément. Mais, les générations avenir ne pourront pas le faire si on ne consigne pas nous-mêmes aujourd’hui les récits. C’est pourquoi, dans le cadre de nos activités, je parle de l’ONG Génération Ekang, et l’Association des Diseurs Mvet du Gabon (ADIMEG). Je parle de tous les Mvettologues qui sont des universitaires, les jeunes promoteurs et diseurs Mvet. Nous travaillons jour et nuit pour que nous laissions un sous-bassement solide à ces jeunes pour qu’enfin, lorsqu’ils viendront aux affaires, ils bâtissent sur les fondations solides afin que le Mvet soit encore et encore parler, dit et entendu de par le monde entier comme lumière de l’humanité.

Je sème le vent !

Oui,

Je tire l’éléphant !

Oui,

Que les oreilles écoutent !

Qu’elles écoutent le Mvet !

Akiba !

Abim té !

Nsama Génération Ekang