Le Mvet et le peuple Fang du Congo
En me référant à la 33ème Conférence de l'Unesco tenue à Paris en France du O3 au 21 octobre 2005 qui avait adopté la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,
Cette convention recommande aux Etats parties de prendre des mesures idoines pour la préservation, la sauvegarde et la mise en valeur de la diversité des expressions culturelles.
Le concept de "diversité culturelle" a pris de l'importance dans le contexte très particulier de la mondialisation et l'hégémonie économique, politique et culturelle des pays du G8.
La libéralisation des échanges et des performances continues des technologies de la communication a abouti à l'effacement des frontières, avec le risque de disparition des identités des pays faibles.
Ce mouvement est à la fois porteur de potentialités d'expression et d'innovation inédites et de risque de marginalisation des cultures les plus vulnérables.
Tout en tirant partie des nouvelles possibilités offertes par la mondialisation, il est essentiel de réguler celle-ci afin que toutes les cultures puissent être pleinement reconnues et ne fassent pas l'objet d'une exclusion au sein du marché global.
Ainsi donc, parmi les cultures ou folklores du Congo Brazza, il est temps de vulgariser la culture dite "Mvet" qui est une sorte de théâtre épique estimé par les Fangs habitant l'extrême nord du Congo dans le département de la Sangha, plus précisément dans le district de Souanké faisant frontière et avec le Gabon et avec le Cameroun.
Ce théâtre fang, mal connu des Congolais, est beaucoup plus pratiqué au sud du Cameroun, la moitié du Gabon et presque toute la Guinée équatoriale.
Il sied de signaler que le Mvet est utilisé par le groupe ethnique dit "Pahouin" comprenant plusieurs groupes et sous-groupes dont: les Fangs, Ewondo, Bulu, Eton, Ntumu, Zaman, Okak…
LE MVET
C'est une sorte de guitare à quatre (4) cordes attachées à un bambou d'un mètre de long, parfois un peu plus.
Pour donner une bonne sonorisation, trois calebasses sont attachées par le dos de cet instrument, dont une au milieu que le conteur appuie sur sa poitrine pour maintenir l'équilibre de son instrument, et une calebasse à chaque extrémité de l'instrument.
La naissance du Mvet dans la contrée fang du Congo, plus précisément dans le district de Souanké (département de la Sangha) qui fait frontière avec le Cameroun et le Gabon, est une histoire qui date du 18ème siècle.
D'abord, le conteur lui-même raconte comment il est arrivé à rêver les sujets qu'il raconte à l'assistance qui le suit attentivement.
Il porte sur sa tête pendant la scène, un bouquet de plumes d'oiseaux de différentes couleurs et des grelots attachés à ses poignets et aux chevilles.
Les sujets qu'il aborde sont très attrayants, si bien que l'assistance se meut de temps en temps en poussant des cris de joie et d'encouragement.
Parmi les sujets imaginaires que le conteur raconte, un avait retenu mon attention.
Il s'agit d'un homme supposé tout puissant dans une contrée qui a toujours réussi à neutraliser ses adversaires. Ce monstre à double tête s'appelait AKOMA- MBÂ, du clan EKANGA MEUBEUK, tribu réputée pour et par ses pratiques sorcières et monopolistique.
Le plus puissant homme alla un jour solliciter la main de la fille du Roi, qui malheureusement lui refusée par la famille royale.
Il se heurta à une forte pression du village du Roi dont les habitants lui demandèrent de ne pas essayer ses pratiques. Et si par malheur, un décès venait à se produire au sein du clan royal, une décision serait prise par la Cour royale.
Le tout puissant s'entêta et rentra en action, causant deux victimes dans le camp adverse.
Non content de ces cas de malheur, le Roi décida d'entrer en guerre contre ce tout puissant homme qui fut vaincu.
Comme on le voit, le Mvet n'est pas seulement l'instrument de musique.
C'est aussi le conte, le théâtre, la philosophie … et tout l'art de vivre d'un peuple: le Peuple Fang. Quelqu'un disait même que "le Mvet est un trésor précieux dans lequel les ancêtres fangs puisaient énergie et courage nécessaires".
D'ailleurs le mot "mvet" vient de "a vet" qui veut dire "s'élever".
Quel tort ce serait pour la postérité de ne pas pérenniser cet instrument, ce trésor culturel, cet art de vivre qui élève, qui fait la grandeur de tout un peuple!
Venant Debomame
(c) Louis-Marie PANDZOU
Enseignant et Médiateur culturel
Responsable de la communication
Musée Mâ Loango de Diosso
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