Je m’appelle The Son of Sun, le fils du soleil. Je suis natif de la ville de Bitam plus connue sur le nom du « States » au Gabon.
Aujourd’hui, je vous invite à découvrir comment j’ai été initié au reggae, comment cette musique m’a transformé à partir de son originalité et qui en était l’artisan.
Nous vivions avec notre père, cadre et expert-comptable à la cité des cadres à Hévégab de Bitam. Il s’appelle NTOUGOU BE Jérôme aujourd’hui décédé. Un jour nous sommes allés en weekend au village Messang à 5 km sur la route d’Oyem. C’était un vendredi soir que le chauffeur Guillaume nous déposa.
Samedi matin, comme tous les enfants du village, je suis allé à la plantation avec ma grand-mère, aujourd’hui décédée. En après-midi, mon frère du village au nom de Mvé ZOGO Alain m’invita à rencontrer le plus grand rasta de la contrée Mingassang (Mimbang-Ngakiê-Messang), une contrée de plus de 3 km, celui qui a fait du reggae sa seule source d’inspiration.
Après avoir mangé la soupe d’arachide faite par ma grand-mère et sans digérer, nous partîmes chez le Jah. De loin, on pouvait déjà entendre la mélodie « Natural Mystique » de Bob Marley et « Mama » de Lucky Dube. Arriver sur les lieux, j’ai été stupéfait de voir ATA, le grand frère de Mvé ZOGO dans un état de transe avancé à ce point qu’il ne nous a pas vu rentrer.
Tous petits, nous nous sommes assis sans pourtant le déranger, la salle était fermée partout, la chaleur de l’air réveillait la sueur en nous, la visibilité était nulle, car qui dit le Jah dit l’herbe sacrée et sa fumée. L’ouah ! que j’ai dit m’a plongé dans un léger coma.
Soudain, quelqu’un me frappe à l’épaule droit ; c’est le Rastafariste en chef, NDONG ZOGO François, alias FBI il me demanda si je dormais. Je lui ai répondu que je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Il m’a répondu, c’est l’herbe sacrée qui t’a invité au sixième siècle, là où reposent les princes et les seigneurs du rastafarisme.
- Comme tu vois, poursuit-il, j’étais juste en train de faire la prière maintenant je peux aller à l’eau prendre un bain. Le Rastafarisme était d’abord une tradition spirituelle africaine bien avant l’arrivée des leucodermes « les blancs » puis est devenu pendant la colonisation, un mouvement social, culturel et spirituel qui s'est développé à partir de la Jamaïque dans les années 1930.
- Tu sais, continua-t-il, chaque personne doit avoir sa liberté de choisir, de prier et même de s’éduquer. Lorsqu’on force une personne à prier ou à faire un choix autre que ce qu’il veut, cela devient une violence. Moi j’ai choisi la voix du rasta et elle me transcende. Les autres, la voix de l’Église catholique, elle leur fait du bien, enfin je suppose.
- Mais les gens disent que c’est une musique des chanvres, je fis la remarque.
- Ce n’est pas du tout ça, l’herbe sacrée est une herbe à multiples vertus thérapeutiques et tu constateras quand tu seras grand qu’elle est utilisée dans plusieurs produits pharmaceutiques. C’est l’excès en tout chose qui devient une drogue, c’est le cas du Banga. Sinon, il n’y a rien de mal dans le Banga, l’Iboga, l’Alane, etc. Le reggae invite à la construction de l’être que nous sommes dans son intérieur puis dans extérieur avec l’environnement dans lequel il vit. C’est la seule musique au monde qui respecte la nature et tous les êtres vivants.
- Qui a inventé la musique reggae ?
- On ne sait pas trop qui l’a inventé, comme je te l’ai dit il s’agit d’une vieille tradition de l’Afrique antique. Mais les nouveaux pères fondateurs qui l’ont révélée au monde sont Éthiopiens et Jamaïcains comme ; les princes d'Hailé Sélassié Ier, Marcus Garvey, Peter Tosh, Bob Marley…
D’ailleurs, le prince Garvey écrit pour cela que :
« Laissons le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob exister pour la race qui croit au Dieu d'Isaac et de Jacob. Nous, les Noirs, croyons au Dieu d'Éthiopie, le Dieu éternel, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, le Dieu de tous les âges. »
« C'est le Dieu auquel nous croyons, et nous l'adorerons à travers les lunettes de l'Éthiopie. »
Avant de fermer notre conversation, FBI, le disciple de Peter Tosh me demanda de prendre place il va m’offrir une mélodie de Bob Marley dans « One Love » :
Il mit la musique, le song est en anglais, mais il traduit directement les paroles en français comme suit :
Un amour un cœur
Rassemblons-nous et sentons-nous bien
Écoutez les enfants pleurer (One Love)
Écoutez les enfants pleurer (One Heart)
Dire merci et louange au Seigneur et je me sentirai bien
Disons, réunissons-nous et sentons-nous bien
Laissez-les tous passer toutes leurs sales remarques (One Love)
Il y a une question que j'aimerais vraiment poser (One Heart)
Y a-t-il une place pour le pécheur désespéré
Qui a blessé toute l'humanité juste pour sauver la sienne ?
Crois-moi
Un amour un cœur
Rassemblons-nous et sentons-nous bien
Comme c'était au début (One Love)
Il en sera de même à la fin (One Heart)
Remerciez et louez le Seigneur et je me sentirai bien
Encore une chose
Rassemblons-nous pour combattre ce Saint Armageddon (One Love)
Donc, quand l'homme viendra, il n'y aura pas de malheur (One Song)
Ayez pitié de ceux dont les chances diminuent
Il n'y a pas de cachette au Père de la Création
Sayin 'One Love, One Heart
Rassemblons-nous et sentons-nous bien
Je supplie l'humanité (One Love)
Oh Seigneur (un cœur)
Remerciez et louez le Seigneur et je me sentirai bien
Rassemblons-nous et sentons-nous bien
Je suis sorti de là inonder de connaissances et depuis ce jour, je me suis mis à écouter et à danser le reggae. Mais seulement, j’avais oublié de lui demander s’il avait fait anglais à l’école. Pour les historiens, nous sommes en 1991.
Bienvenu dans le rastafarisme, prochainement je vous parlerai du Christianisme catholique.
La vidéo est disponible ici
https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=cvsd06YLKo4&feature=emb_title
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Venant Debomame
(c) Mars 2019 - Rastafarisme
Equipe Génération Ekang