Les trois femmes considérées comme humanités classiques du peuple Ekang
Les sagesses font partir des vieilles traditions africaines, la plus ancienne connue et écrite date de 2 600 av. J.-C., les autres seront transcrits dans les textes sacrés des religions des livres (Judaïsme, Christianisme et l'Islam). Bien que sous-estimée par les peuples sémites, la religiosité prit de l'ampleur avec le déclin de l’Égypte pharaonique, pour atteindre, au Ie siècle une grande évolution de pensée. C'est à cette époque que les Hébreux empruntèrent à l’Égypte morbide le plus grand nombre de ses pensées et ses maximes Livre de sagesse égyptienne.
Dans la tradition africaine, l'enseignement était transmis de manière orale et parfois écrite. Cet enseignement était porté par les plus âgés, les vieillards et les vieux hommes, mais rarement les femmes. Les vertus tirées de cet enseignement portaient sur la construction de l'être dans son intérieur et son extérieur, au salut des ancêtres et au respect de toute la création.
Si les hommes ont toujours été porteurs de paroles et détenteurs du savoir ancestral et qu'ils ont transmis de génération en génération, quelle était donc la place la femme à côté de l'homme ? Que faisait la femme lorsque l'homme élaborait les merveilles de la civilisation et la transmettait aux jeunes générations ?
Afin de comprendre ou de répondre à ces interrogations, le peuple Ekang nous semble le milieu adéquat pour percer le mystère de la femme dans la transmission de la sapience.
Pour cette première partie, nous parlerons des femmes célèbres du Mvog Ekang puis dans les parties avenirs, nous rentrerons en profondeur pour parler des rôles, les rapports humains, les concepts des uns et des autres dans la société Ekang.
D'abord, les Ekang disent que la sagesse est une tradition ancestrale transmise de génération en génération par les pères fondateurs, nos ancêtres. Les ancêtres sont nos intermédiaires entre le créateur Nzame et nous les vivants (Humains). Seulement, dans la création, la première entité par qui l'existence a été possible est une femme. Cette femme, peu connue est une entité sœur à Nzame, Nyangone Mebege.
C'est de Nyangone Mbege que vient la sagesse de la femme, car il y a l'esprit de Mebege en toute chose et dans toute la création. Dans sa sagesse, la femme produit de l'Amour, cet amour qui va se matérialiser lorsqu'elle féconde. Nyangone est la force qui habite la femme, celle qui fait d'elle l'être bon et aimé des hommes. L'une des caractéristiques de la femme c'est qu'elle englobe la création et c'est pour cela qu'elle crée.
Après Nyangone, qui reste dans le plan divin, nous arrivons chez Okome Ekang, fille de Mba Evini Ekang, descendant de Kara Mebege. Une immortelle de l'olivier dressé que tous les peuples voient "Engong" qui a marqué le passé du Mvog Afiri (Fang-Beti-Bulu ...) en mettant au monde le père, et premier conteur Mvet Ekang, Oyono Okomo Ekang, appeler encore Oyono Ada Ngone.
Le mvet vient de la femme, c'est un art total, car il englobe toute la vie, cosmogonie, philosophie, histoire, religion, spiritualité, mode de vie, rapports humains y comprit la guerre. C'est dans le mvet que la sagesse va se matérialiser en faisant du Mvog Afiri, au départ fuyard, de véritables guerriers à l'image des immortels d'Engong.
Enfin, celle qui nous revient s'appelle Nane Ngô. C'est d'elle que vont naître les rites initiatiques comme le Melan. Un rite d’ancestralité datant de la période de l'Égypte antique et perpétué par le Mvog Ekang en Afrique centrale. Nane Ngô, ayant vu les difficultés et la misère de ses enfants, s'est adressée à Dieu (Zame) sur ses termes :
"Toi qui es grand et incomparable, je vais mourir pour l'amour pour mes enfants. Je vais leur servir auprès de toi afin que les traditions se perpétuent".
Et à ses enfants, le Mvog Afiri, elle dit "Je vais mourir pour mieux vous servir auprès de tare ZAME, divinisez moi et croyez vous aurez tout ce que vous désirez". Ainsi naquit le culte des ancêtres.
Dans la sapience africaine, les traits caractéristiques portent sur la vivacité de l'imagination. Naturellement portée vers le surnaturel ce qui a fait que nos ancêtres ont adoré très tôt les grandes forces de l'univers, source de la connaissance.
Pour ne pas conclure, nous avons vu les trois femmes du Mvog Ekang, d'abord celle par qui la création est arrivée, puis celle qui a apporté l'immortalité et l'art total et enfin, celle qui mourut pour amour à ses enfants et a permis la création du rite des ancêtres.
Dans notre prochaine publication, nous parlerons du rôle de la femme dans la société, sa part de sagesse à côté de l'homme et vis-à-vis de la transmission.
ZWE BITEGHE
(c) Génération ekang
06 Novembre 2019