C'est l'histoire d'un mythe de toutes les générations qu'une génération a brisé, un monstre qu'elle a tué de toutes pièces.
Messang est un village du département du Ntem à Bitam, situé à 5 km du point zéro de la commune en direction d'Oyem. Ce village est marqué par les histoires fascinantes, depuis la première guerre mondiale.
Aujourd'hui, nous allons vous raconter comment après plusieures décennies l'examen du Baccalauréat est resté infranchissable aux enfants malgré leur intelligence avérée.
Extrait de livre : Les chronique de Messang, de Venant DEBOMAME
Avant de dérouler, je rend hommage à tous nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l'espérance d'une nouvelle vie.
Je rend hommage à toutes nos mamans encore en vie au village, dans les villes et celles qui ne sont plus de ce monde.
Je parle ce soir de l'histoire de mon village, comment une génération a brisé le mythe du Baccalauréat.
L'histoire nous apprend que notre village a vu naître plusieurs jeunes intelligents sur sont sol, certains étaient même parmi les plus brillants élèves de la commune de Bitam. Le premier grand intellectuel de Messang s'appelait MVONO Nkuè fils de Nkuè Be avec Nkara, il fut le premier du BEPC au centre d'examen d'OYEM. Il meurt quelques jours après d'une mort mystique et depuis ce jour la réussite aux examens des enfants de Messang vivant à Messang est restée un mystère.
Les générations se sont succédées quand arrive la génération de : Oboulon (Père), Oboulard (Fabrice) et Mbazogo (Mvé).
Très jeunes, nous avons compris que nous avons quelque chose de grand et de fort en commun. c'est ainsi que nous formons une équipe nommée: Les frères de MESSANG, Une équipe de binômes comprenant:
Atoupe (l'abbé Juslain) et Dessaille ( Arnaud)
Chiloche ( Achille) et Oboulard (Fabrice)
Oboulon (Xmen ou Moi) et Terfio (Mvé)
Très jeunes les mamans ont compris que notre génération avait quelque chose de particulier et de positif : Fraternité, Solidarité et Tolérance.
Mais seulement au village, elles ne pouvaient pas bien nous entretenir sur les maux qui minent la cité car c'était du ressort des hommes, les papas mais ces derniers étaient occupés par d'autres choses souvent. C'est dans les plantations, Mefùp, les parties de pêches Melokh que les échanges vitales se passaient.
Nous avons suivi pas à pas les conseils des femmes, nos mamans, oui ces mamans que vous voyez aujourd'hui fatiguées et d'autres que vous ne voyez plus, nous mangions dans toutes les cuisines sans distinctions. Nous avons donné notre foi à la religion catholique et nous étions servants de Messe. Moi même j'étais en plein avec les prêtres de la paroisse de Mimbang.
A l'école, nous brillâmes comme nos grands frères, la génération que nous suivons était composée de : Appolo, le plus intelligent des garçons et ses petits frères Sémoi, Ayono, Obiang, Ata (FBI), ... les deux derniers étaient des complices. l'école catholique de Mimbang parlait de nous, Bitam parlait de nous; Achille est sorti 3 fois plus grand rappeur de Bitam et 1 fois du Woleu Ntem avec son groupe de Rap Eñing Appart. Son frère de route s'appelait Intoxman. Atoupe et Père ont poursuivi la bataille du Stylo, Atoupe est allé à Oyem et quitta le Village pour le séminaire... Nous sommes restés chez nous à MESSANG. Les petites de Mingassang (la contrée) ne rêvaient que de nous. Il y avait plusieurs bagarres entre filles de la contrée qui discutaient les plus beaux gosses de Messang. Le plus beau était Bekui son nom de star Manix... deux filles d'Ekohong l'ont arraché à une fille pounou au nom d'Akoté de la centrale électrique. La bagarre s'est terminée dans un bain de sang, puis venaient Achille, Fabrice, Terfio, Dessaille et moi (Xmen), seulement j'avais de gros yeux vous voyez un peu, des yeux enflées comme un vieux japonais.
A l'Eglise, nous nous sommes Baptisés, Communies et confirmés, il ne reste que le mariage religieux... comme c'est pas pour les enfants, on attend notre âge et notre tour.
Au Lycée, nous voilà en terminale, le niveau que les enfants de Messang ne dépassaient Jamais. Nous sommes peu dans la liste, je veux dire en tête de course, mon cœur panique, personne n'a jamais eu le BAC en terre Messang. J'ai fait une petite prière au Dieu d'Ala Mimbang en lui disant:
Dieu notre Père,
je sais que personne n'a eu le BAC dans mon village en y habitant.
Les mamans nous ont relatés les vérités, les causes et les conséquences
Elles nous ont montrés le chemin de te maison pour grandir notre foi
Mes frères et moi avions accepté. Nous avions mangé les mêmes mets ,
Nous avions partagé les mêmes morceaux de Mbamezokh et de Kuiñ,
je suis prêts à écrire l'histoire de mon village pour les générations avenires,
Ecoute mes supplications, Seigneur.
Amen!
Au premier jour du Bac, j'étais à Oyem au centre d'examen du Lycée Nguema BEKALE année Scolaire 2003-2004, mon lycée me considérait comme un coup sûr car j'étais parmi les meilleurs élèves de Bitam. Je viens de passer les premières épreuves, français, philosophie puis dans la semaine les autres avant l'orale d'anglais. J'étais dans la même salle que ma sœur "Ma Rose" fille d'Asseko Essabedzang.
J'ai dit à Dieu, "Donne nous la force de changé l'histoire de ce beau village, aide nous à tuer le montre qui nous tient "
En fin de semaine, le BAC est proclamé et Dieu a accompli mon vœux, je l'ai gagné... Voilà comment le boulevard de réussite a été ouvert dans notre beau village.
Aujourd'hui, nous comptons de nombreux bacheliers chaque année, même cette année nous aurons encore de nouveaux bacheliers.
Remercions nos mamans, prions pour que Dieu leur accorde longue vie et pleine de santé.
Remercions Dieu de nous avoir donné la force de tuer le mythe du Bac qui a tend fait du mal à notre village.
Je me suis fait un stylographe pour vous écrire les chroniques de mon village.
(c) 2018: Venant DEBOMAME
Les chroniques de MESSANG