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 NOUS L'AVONS VOULUES, NOUS NOUS SOMMES BATTUS, NOUS L'AVONS EU 50 ANS APRES QUE RETENIR DE NOS INDEPENDANCES?

Le cinquantenaire n'est pas la seule occasion offerte pour s'interroger sur les effets de la colonisation ou de la  décolonisation des pays africains, mais elle est une opportunité semi-séculaire idéale pour dresser un tableau historique et un bilan sur la décolonisation des seize pays africains ayant acquis leur indépendance collective au cours de l'année 1960. La question de la colonisation est un autre débat qui marque une période de domination totale des pays africains; elle est toujours  d'actualité et son examen est indispensable pour l'analyse des décolonisations. Cependant, elle n'entre pas dans le cadre de notre examen qui propose un bilan de cinquante années d'indépendance des pays africains.

 

   La décolonisation des pays africains en général, marque la fin grandiose d'un phénomène de dépendance totale des pays sous domination occidentale; elle permettait à ces pays de s'affirmer et d'entrer de manière autonome et responsable dans l'histoire et dans le concert des nations, son acquisition fut différente selon les pays: certaines nations ont eu leur indépendance dans la violence et dans le sang, on parle de révolution ou de révolte; tandis que d'autres ont eu la leur  par complaisance, c'est le cas des pays ouest-africains francophones desquels se détachent le Ghana et la Guinée. Ce sont ces derniers qui sont concernés par le cinquantenaire dont on parle aujourd'hui. Lors du lancement des festivités de cet événement en Côte D'Ivoire, le président Laurent Gbagbo a appelé les africains à se poser les questions suivantes, et à essayer d'y répondre: qu'avons nous fait de ces cinquante années d'indépendance ? Pourquoi les pays africains n'arrivent pas à emprunter le chemin du développement ? Pensez-vous que la colonisation a été une chance pour l'Afrique ? Ou plutôt qu'elle est la source des malheurs des pays africains ?

 

   La question de savoir ce que l'indépendance a apporté aux pays africains en particulier, pose le problème de son mode d'acquisition. En effet, l'acquisition d'une indépendance par une nation donnée est déterminante dans la vie future d'une nation. Quatorze des seize pays africains décolonisés en 1960 ont obtenus cette décolonisation suivant le dictat de la Puissance occidentale française. Les indépendances de 1960 ont été obtenues par un processus purement politique, c'est-à-dire entre dirigeants des pays dominateurs et dirigeants des pays colonisés; les peuples d'alors étaient peu intéressés par la liberté de leur nation, et ceux qui se sont revoltés contre les colons l'ont été moins pour des raisons d'ordre nationalistes que pour ceux d'ordre social, c'est l'exemple des Abbey de Côte D'Ivoire lors de leur révolte de 1910 dû au traitement assez inhumain que leur infligeaient les colons. La maturité des peuples était encore loin de leur permettre de crier, de reclamer leur liberté. Les dirigeants, peu en contact avec les populations prenaient des décisions sans l'avis du peuple.

 

   En acceptant d'être membre de l'Union française en 1946, les colonies acceptaient implicitement d'être davantage sous contrôle total de la France, résolument déterminée à " conserver ses territoires d'outre-mer 1". Elles acquièrent toutefois leur indépendance en paix, dans la stabilité sociale au prix d'une pseudo-indépendance traduit de nos jour par un néocolonialisme accentué. Le processus de décolonisation commence en juin 1956 avec la loi Cadre Defferre qui dotte les colonies d'une autonomie interne, ensuite on assiste la formation de communautés en 1958 qui prend fin deux ans plus tard. Tous les pays ont suivi ce processus jusq'au jour où la Guinée se retira des communautés. Ses dirigeants avaient eu l'idée de faire une projection dans le futur afin de voir l'impact sur le pays de tels processus.

 

   Il est vrai que les pays ayant coopéré avec la France ont bénéficié d'avantages économiques et politiques en ce qui concerne les relations internationales, et ont bénéficié d'un certain crédit dans le concert des nations, mais dans responsabilité politique du dirigeant, l'avenir de la nation doit primer sur les intérêts immédiats souvent éblouissants.

La vision du Guinéen Sékou Touré était différente de celle des autres dirigeants, mais les points de vue intérieurs semblaient être partagés. Son caractère de contestataire précoce, et son syndicalisme accentué l'ont emmené à dire "non" à la Communauté française, et à proclamer l'indépendance de la Guinée le 2 août 1958, deux ans avant les indépendances générales octroyées par la France. Ce caractère spécial et hors du commun du leader le place au même rang que Kwame N'Krumah et annonce ainsi Patrice Lumumba, dans l'histoire des révolutionnaires et des grands hommes de l'Afrique noire.

 

   L'action radicale de H. Sékou Touré n'a certes pas profité économiquement à son pays, mais cela ne doit pas nous faire dire que ceux des dirigeants de l'époque qui ont accepté l'indépendance conditionnée de la France sont des héros, d'autant que l'histoire montre que ni Maurice Yaméogo, ni Félix Houphouet Boigny, ni Hubert Maga ne furent grandis en aucun moment par la conscience collective. Ces dirigeants qui ont  céder à la volonté française, avaient un certain goût égoiste pour le pouvoir et craignaient de le perdre, d'où la prudence qu'on pouvait observer dans leur approche politique.

 

   Par un curieux retour des choses, la conception actuelle des relations internationales entre États africains et États occidentaux, est plus proche de la prudence des dirigeants africains des temps coloniaux, que du radicalisme assez audacieux qui fait le fond de la lutte des révolutionnaires. Mais la prudence des premiers ne saurait être, à l'opposé de l'audace des seconds, considérée comme effet de la conscience des difficultés que cinquante années d'histoire coloniale nous ont enseignées. Si cette histoire a été possible, c'est grâce à ces vaillants politiciens qui ont su avoir une vision prophétique de la politique de leur temps. Et cette histoire non bien enseignée ou lue conduisit à la situation actuelle.

 

   Le bilan, de nos jours, est désastreux, depuis le mirage économique, jusqu'aux conflits inter-ethniques, via les génocides et les statuts de P.P.T.E. Les africains, quel que soit le mode ou le moyen par lequel ils ont acquis leur indépendance, ont suivi en cinquante ans, la même trajectoire. Ils n'ont pas lu l'histoire assez proche qui allait déterminer de leur responsabilité à posséder d'eux-mêmes le droit de la gestion de leurs sociétés, et de leurs peuples; ils n'ont pas tiré les leçons de leurs leaders à jamais émérites qu'ils ont eux-mêmes banni.  L'exemple des dirigeants révolutionnaires devait être un exemple pour tous les africains. Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'ils sont plus que quiconque, responsables de l'état dans lequel ils se trouvent, et dans lequel se trouve leur continent. Tous depuis les dirigeants corrompus tels que F. H. Boigny, jusqu'au actuels dirigeants tels que B. Compaoré. Et les événements actuels semblent montrer qu'ils ne sont pas sur le chemin du changement; la solidarité, l'esprit d'évolution n'est pas le fort des peuples africains, et la plupart des dirigeants sont moins patriotes que détourneurs, moins leaders que suiveurs, participant au chaos des peuples en révolution: des présidents tels que  feu Omar Bongo, Blaise Compaoré sont des poisons latents qui doivent disparaître de la scène politique africaine, car ayant la même philosophie que la plupart des anciens dirigeants qui ont obtenu l'indépendance à l'amiable, et ne révendiquant point leur statut d'État libre. Ils participent activement au néocolonialisme en durcissant leur pouvoir, et en le conservant à vie.

 

 

afrique

 

   Quel est le rôle des puissances occidentales dans cette histoire? Les puissances, sont aussi impliquées dans ce retard africain, moins, sans doute que les africains eux-mêmes, comme beaucoup le font croire, mais leur contribution est cruciale. Une puissance tend à le rester, et à progresser, mais les moyens corruptifs qu'elles utilisent pour exploiter les pays africains sont inhumains parce qu'elles ne se fichent pas mal du sort d'un peuple africain noir de surcroit. La guerre, les coup-d'état suscités, tous les moyens sont bons à qui veut devenir riche, et la tendance actuelle est un retour cinquante années en arrière, vers la colonisation. On réduit au silence les dirigeants qui crient à la liberté, soit par des renversements, soit par des coups qui tournent contre le dirigeant, son peuple  et la communauté internationale. Des présidents comme Daddis Camara, Laurent Gbagbo, Paul Kagamé etc.,  ont subi la colère des grandes nations et l'immaturité de leurs peuples.

 

   Donc, en un sens, on doit dire que dans la perspective du cinquantenaire d'indépendance des pays africains, le bilan négatif est dû au mode d'acquisition, d'une part, et à la lâcheté des successeurs de l'autre, puis à l'interférence nuisible des anciens colonisateurs. L'acquisition fut si facile pour éviter le néocolonialisme actuel, et les dirigeants actuels ont assez de données sur l'histoire de leur pays pour éviter les erreurs du passé qu'ils ne corrigent cependant pas.  Les cinquante années d'indépendance n'ont pas révolutionner l'esprit africain, ils les ont utilisé pour régresser et pour se tuer. Toutefois, vue les progressions politiques, sociales, et économiques des états africains, aucune lueur d'espoir ne semble se profiler à l'horizon; les africains sont sur le point de vivre un autre cinquantenaire sans changement s'ils n'acquièrent pas au plus vite la culture de l'amour de la Patrie.

VDebomame

Tag(s) : #Afrique
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